On a souvent l’impression de décider en toute logique : peser les arguments, comparer les options, choisir rationnellement. En réalité, nos émotions influencent beaucoup plus nos choix qu’on ne le pense. Parfois subtilement, parfois de façon évidente.
Une tension passagère, la peur de manquer une opportunité, un moment d’enthousiasme… et notre esprit se réoriente sans qu’on s’en rende compte. L’émotion n’est pas un bruit de fond : c’est un filtre qui colore notre perception et modifie notre jugement.
L’illusion de la rationalité
Les recherches en neurosciences et en psychologie le montrent : une grande partie de nos décisions ne part pas d’un raisonnement logique pur. Notre cerveau choisit souvent d’abord, puis fabrique ensuite une explication qui rend ce choix cohérent.
Exemple simple : vous achetez un produit en promotion parce que vous craignez qu’il disparaisse vite. Après coup, vous justifiez : “C’était une bonne affaire”, “Je le voulais depuis longtemps”. Mais ce qui a déclenché l’action, c’est l’émotion de manque.
Comment l’émotion prend le dessus
Le mécanisme est assez régulier :
- Un signal émotionnel (peur, colère, euphorie…) s’active.
- La réaction suit rapidement, sans vraie analyse.
- Puis le cerveau construit une justification après coup.
Ce qui paraît être une réflexion posée est souvent une rationalisation.
Effets typiques des émotions
- La peur accentue la perception du risque.
- La colère pousse à interpréter les intentions des autres comme hostiles.
- L’euphorie fait sous-estimer les conséquences négatives.
- La honte ou la culpabilité influencent nos comportements plus qu’on ne le croit.
En entreprise, ces dynamiques collectives sont encore plus visibles : peur qui freine l’innovation, colère qui alimente la défiance, culpabilité qui mène à l’épuisement.
Cas concrets
- Achat impulsif : une offre “temps limité” active la peur de manquer → décision rapide, justifiée après coup.
- Conflit personnel : une remarque perçue comme critique → colère, interprétation biaisée, escalade.
- Leadership : un dirigeant euphorique prend des risques excessifs ; un dirigeant anxieux bloque toute initiative.
- Réunion : une tension mal gérée influence tout un groupe → la décision finale reflète surtout l’équilibre émotionnel.
Faut-il neutraliser ses émotions ?
Non. Les émotions font partie intégrante de la prise de décision. Le problème, c’est quand elles guident nos choix sans que nous en ayons conscience. La clé n’est pas de les supprimer, mais de les rendre visibles.
Trois réflexes utiles :
- Nommer : identifier l’émotion précise ressentie. Mettre un mot dessus aide à reprendre du recul.
- Temporiser : éviter de décider sous tension. Prendre le temps réduit les réactions impulsives.
- Recontextualiser : se demander : “Si je ressentais l’émotion inverse, penserais-je la même chose ?”
Conclusion
Les émotions orientent nos décisions, parfois pour le meilleur, parfois pour le pire. Les ignorer, c’est leur laisser le contrôle. Les reconnaître, c’est retrouver du discernement.
En clair : penser juste ne consiste pas à supprimer l’émotion, mais à lui donner sa place sans lui céder la direction.
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